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Un élevage de poules presque industriel
Article de Gilbert Dupont

Carte de visite

Le propriétaire dans sa basse-cour

A la Foire Exposition

Dans les années 1945-1955, après la guerre, sur 180 habitants environ, une douzaine de jeunes Visquérois décidèrent de quitter le village et de ne plus être paysans. Beaucoup partirent vers Tarbes. Certains s’en allèrent travailler en usine, dont un comme dessinateur, ou en entreprise. D’autres entrèrent dans l’enseignement, aux PTT ou aux Ponts et Chaussées. Deux enfin partirent courir le monde, pour souder les pipe-lines ou simplement à l’aventure.
En 1950, André Bertranne avait vingt ans. Lui et sa mère avaient décidé de cesser la culture de leur trop petite ferme. Ils avaient ouvert une épicerie dont le rapport était un peu juste pour vivre. André décida d’élever de la volaille. Il suivit, par correspondance, l’enseignement de l’Ecole d’Aviculture belge, qui le diploma, et il prit exemple sur des élevages landais et gersois.
Il débuta avec vingt poules de race wyandotte, leur construisit un poulailler en hauteur dans la grange et comme les poules restaient dormir sur le sol, le soir, il les prenait dans ses mains pour leur apprendre à monter par l’échelle. Il entreprit de sélectionner les meilleures pondeuses en leur fabricant des nids-trappes d’où elles ne pouvaient pas sortir après avoir pondu. Il tint des fiches de ponte où il inscrivait les performances de chaque poule, repérée par une médaille numérotée qu’elle portait fixée à l’aile. On était loin des méthodes traditionnelles utilisées au village.
Rapidement, notre éleveur se spécialisa dans la production de « poussins d’un jour ». Il installa 200 pondeuses sélectionnées et quelques coqs, importés des Landes, dans un vaste poulailler sur un enclos en herbe. Il s’équipa d’une puis deux, puis trois couveuses électriques pouvant recevoir 600 œufs chacune.
En 1956, André Bertranne , avec quelques collègues de la plaine de Tarbes, créa une coopérative de producteurs de poussins. Celle-ci leur permit de vendre leur production sur les marchés du département. Les poussins invendus devenaient des poulets nourris jusqu’au poids exigé par le marché des hôtels et restaurants.
Cet élevage acquit une certaine notoriété, eut les honneurs de la Presse à plusieurs reprises et occupa un stand à la Foire de Tarbes, où il obtint un Premier Prix en 1955 au Concours Agricole. Il fut le plus important élevage du département dans sa spécialité.
En 1968 André Bertranne cessa cette activité. Entre temps il avait débuté une carrière à la Caisse d’Epargne et, lui aussi, prit l’habitude d’aller travailler quotidiennement à Tarbes, usage devenu bien banal aujourd’hui.
